Boulier Suanpan ou Soroban ?
Quelle est la différence entre le boulier chinois Suanpan et le boulier japonais Soroban ?
Le boulier chinois, Suanpan, a une forme proche de la divine proportion (nombre d’or, longueur = 1,6 x la largeur). Il possède 2 quinaires et 5 unaires, et habituellement 13 colonnes.
Le boulier japonais, Soroban, est plus allongé. Il possède 1 quinaire et 4 unaires et, dans ce cas, 17 colonnes.
Un peu d’Histoire…
Les Egyptiens antiques, les Mésopotamiens, utilisaient probablement des abaques pour calculer ; dans ce dernier cas, les mains avec l’utilisation des phalanges dans le système sexagésimal, devaient avoir une vraie efficacité. Les Grecs utilisaient la table de poussière (abax) et les Romains, l’abacus (tablette avec des glissières). Les chinois, eux-mêmes, utilisaient, pour calculer, des baguettes dans le système décimal positionnel en utilisant des damiers en bois ou directement sur le sable. Ce que l’on nomme, aujourd’hui, la subitisation, cette perception immédiate des quantités 1, 2 et 3, était aussi connue dans l’empire du milieu, puisque les symboles utilisés dans l’écriture chinoise (et en Brahmi, aussi) pour 1, 2 et 3 expriment concrètement ces quantités (1 trait, 2 traits, 3 traits horizontaux), alors que la suite des chiffres chinois ou arabo-indiens sont des symboles signifiants sans lien avec le nombre signifié.
Toutes ces influences ont permis la conception, au XIIIème siècle, d’un outil « révolutionnaire ». Cet instrument est le prolongement des mains, dans le système décimal positionnel, pour représenter les nombres et faire des calculs. Les deux quinaires sont les deux mains et les cinq unaires les cinq doigts. Les images mentales des mains se sont fixées dans le cerveau des premiers ancêtres des hommes depuis des millions d’années. En poursuivant la réflexion, il semble bien qu’on ne puisse améliorer cet outil qui est un vrai aboutissement dès sa création.
Le boulier chinois, Suanpan, a donc été inventé, de façon empirique, vers 1210 à partir, essentiellement, des « baguettes chinoises » et de « l’abaque romain » en provenance de Constantinople ; il est, ainsi, utilisé depuis plus de 800 ans ( présentation wikipedia ).
D’autres bouliers, russes, européens, iraniens et japonais (le soroban), sont apparus bien après sous l’influence du suanpan.
Ainsi les japonais ont fait subir une modification en supprimant une quinaire et une unaire au boulier chinois. L’objectif était, au XIXème siècle, de simplifier l’instrument pour les marchands japonais. Les commerçants savaient « compter » et savaient calculer mentalement ; pour eux, la simplification était compréhensible ; mais, ce faisant, cette simplification, a rompu le lien avec les mains et l’utilisation pédagogique pour les jeunes enfants a été complètement oubliée. Après la représentation naturelle avec les mains, il fallait inventer une autre représentation avec une seule main de quatre doigts … Le Soroban a été, ensuite, diffusé dans l’ensemble de l’Asie et du Pacifique à l’occasion des conquêtes japonaises (1935-1945) pendant la seconde guerre mondiale, aux dépens du boulier chinois. L’expérience célèbre du concours de rapidité entre un Soroban et une calculatrice, en 1945, a consacré l’instrument japonais. C’est ce qui explique la préférence internationale actuelle. Pourtant, au plan technique cela ne se justifie pas.