La difficulté de suivre deux sujets, comme le remarque Piaget, est aujourd’hui bien expliquée. Etienne Koechlin montre expérimentalement que le cerveau fonctionne en monotâche[1]. Par ses conséquences dans la vie de tous les jours, cette découverte scientifique est de la plus grande importance et va modifier notre ‘environnement machines’; le téléphone au volant en est une illustration bien connue. Les fabricants d’avion envisagent aussi un récapitulatif visuel des informations de vol essentielles, sur un écran (primary flight display), pour contrer le phénomène de « tunnellisation » ou « persévération », qui en cas de stress, empêche l’utilisation des procédures habituelles, ce qui semble à l’origine d’accidents récents. Cette découverte confirme ainsi le bien-fondé de notre approche par le tableau qui est un ‘récapitulatif visuel’ d’un énoncé verbal difficile à déchiffrer par une procédure mentale longue qui n’est pas à la portée de tous. Nous démontrons ainsi qu’un énoncé de deux lignes aboutissant à une multiplication, à une division ou à un calcul de proportionnalité c’est 23 étapes d’abstraction et 864 solutions de calcul possibles. Laisser à l’intuition mathématique ou à l’application d’une procédure inutilisable, car trop longue, surtout en cas de stress, conduit très souvent à l’échec les élèves et même les ministres de l’Education Nationale, bac + 5 ou bac +7. Il est remarquable que nos trois auteurs constructivistes du siècle dernier aient anticipé à ce point les solutions que les découvertes récentes vont imposer dans l’enseignement de la mathématique à très court terme.
D’autres découvertes orientent notre méthodologie ; notons ces avancées récentes qui sont étudiées dans le document joint Les neurosciences et les maths
[1] Charron (S) et Koechlin (E), Divided Representation of Concurrent Goals in the Human Frontal Lobes, Science 328, 360 (2010) DOI: 10.1126/science.1183614
Koechlin (E), Les hommes sont-ils monotâches, Pour la Science , N° 403, mai 2011